Qui y a-t-il derrière cette angoisse face à la prise de décision ? Quels en sont les facteurs ? Quels en sont les impacts ?

Dans le cadre de mes accompagnements auprès des Dirigeants chez Alixio Activ, je me suis rendue compte de leur difficulté parfois à décider, que ce soit pour un projet, une orientation stratégique ou une opportunité professionnelle. Pour autant, tous ces dirigeants que nous accompagnons en coaching individuel ou lors d’une transition professionnelle sont confrontés quotidiennement à la prise de décision. C’est l’essence même de leurs fonctions.

Alors, pourquoi leur est-il parfois si compliqué de décider ?

Nous sommes nombreux à ne pas faire la différence entre décider et choisir. Faire un choix repose sur des critères rationnels à partir d’informations concrètes, à partir d’un savoir. Ces critères sont portés à notre connaissance avant de choisir, et donc d’agir par notre mise en mouvement

Prendre une décision, c’est au contraire trouver l’énergie pour s’engager en l’absence de critères et/ou d’arguments tangibles. C’est décider avec le doute bien installé sur notre épaule. C’est faire face à l’imprévisible, à l’incertitude. Et enfin, c’est aussi choisir avant de savoir si notre décision est la bonne. D’ailleurs, le simple fait de décider suppose que nous ne savons pas.

Cela semble vouloir dire qu’il nous faut prendre des risques et sortir potentiellement de notre zone de confort. Je constate ainsi l’importance de la confiance en soi dans le fait de décider.

Le philosophe Charles Pépin a dit « Choisir, c’est savoir avant d’agir et Décider c’est agir avant même de tout savoir. Le choix raisonne, la décision actionne. »

Lorsque nous décidons, nous savons qu’il va nous falloir en assumer d’éventuelles conséquences, sachant que l’on peut se tromper. Alors la peur que l’on ressent, à cet instant, qu’elle soit conscientisée ou non, joue des coudes pour prendre de la place. Cette peur qu’instinctivement nous cherchons à fuir nous est nécessaire. Elle nous pousse à nous mettre en action. Ce qui veut dire que sans la peur, nous n’agirions pas. A nous de donner la juste place à la peur pour être capable de décider sans qu’elle nous immobilise.

D’ailleurs, nous l’avons tous constaté, cette recherche de sens que nombreux expriment, est pour partie, liée au besoin de « faire ».

Que risque-t-on à ne pas décider ?

Notre quotidien risque d’être une suite de non-choix, quitte à ce que notre carrière nous file entre les doigts et que notre confiance soit mise à mal. Le philosophe et romancier Charles Pepin a dit « pas de confiance en soi sans l’art de la décision ».

Ne pas décider nous met face au déni et c’est ce déni qui génère l’angoisse. A l’inverse, prendre une décision, c’est nous munir de courage pour trancher. Cela nous fera nous sentir plus fort parce que l’on sait l’avoir fait en conscience, que l’on s’est écouté, que l’on a fait confiance à notre instinct. S’écouter permet de stopper la cacophonie intérieure entre notre raison et notre sensibilité », explique le philosophe.

Mais pour s’écouter il faut prendre du temps. Malheureusement, nous en manquons très souvent. Alors, apprendre à bien dissocier l’urgence de l’important semble être une des clés. Plus nous prendrons des décisions en conscience, plus notre confiance en nous-même se renforcera. Dans le cas contraire, nous nous priverons de notre liberté de choisir car la vie, l’univers, le karma (appelons-le comme nous le voulons) se chargeront de prendre la décision à notre place. Et puis, il me semble important de ne pas oublier que même si nous avons le sentiment d’être seul face à la décision, nous pouvons décider que la réalité soit différente. Nous sommes des êtres de relation. Les autres peuvent nous aider à clarifier nos idées et ouvrir une troisième voix jusqu’alors inexploitée.

Alors quelle décision prenez-vous ?

Sabrina AVRILExecutive Coach Alixio Activ

Source et Bibliographie
Charles Pépin, la confiance en soi, Paris, Pocket – 2018
Danielle Darmouni et Philippe Gabilliet, Les artisans du Devenir, Pearson – 2011